Cet instrument a été choisi
pour l'observation des planètes en public: pas de collimation, mise en température constante,
peu sensible à la turbulence et à la buée, mise au point facile et précise. Un télescope de
plus de 180mm donne des images planétaires très détaillées quelques nuits
par an et correctes quelques dizaines de nuits par an. Une lunette donne des images
correctes quelques nuits par an et très détaillées quelques dizaines de nuits par an.
C'est idéal pour le public qui demande surtout la Lune ou Saturne.
Avec l'A&M 152, Jupiter montre souvent
des couleurs -surtout la SEB- jamais vues au Newton Skywatcher 254mm ou au Celestron 11. Un
observateur expérimenté avait déjà vu Saturne et Jupiter au Dobson de 500mm: il a préféré, et de
loin, l'A&M.
L'image est fine et contrastée, sans effondrement brutal si l'on grossit trop.
On utilise 150x dans des conditions ignobles (brume, turbulences de début de soirée, été
chaud), 300x par temps moyen (oculaire TMB planetary II 4mm). J'ai essayé avec le 4mm
et une Barlow Celestron Ultima à 600x, ça marche encore mais c'est comme en avion,
"faut pas dépasser la VNE".
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Triplet FPL-53 conçu par TMB (Thomas M. Back, RIP), construit par
LZOS en Russie.
Evidemment le poids du tube est très porté vers l'avant. C'est un 152 f/8, choisi pour l'observation
grand public des planètes et non pour la photo, ce qu'il peut par ailleurs très bien faire même
sans réducteur-correcteur de champ. Je rappelle que l'observation du ciel profond, à 50x ou 100x,
se contente parfaitement d'un doublet achromatique de 150mm ou plus genre Skywatcher ou ISTAR,
ou d'un Dobson. Mais le but ici était l'observation publique des planètes, sans les contraintes
d'exploitation et l'irrégularité des performances des télescopes.
Bien sûr le tube est noir mat, bien bafflé, et le barillet est plus élaboré que les
instruments courants. |
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Avec 30 kg (152 f/8 + 80 f/5 + LS60T + caméras + chercheurs + câbles), il faut
une monture solide. C'est une Gemini G42 avec goto Pulsar (ici sans GPS), venant
de Hongrie. Cette monture importée par la Clef des Etoiles à Toulouse est
précise et tolérante aux gestes brusques du public. Elle ne
possède pas d'encodeurs optiques, donc si on désaligne le tube à la main, il n'y a aucun danger
pour les moteurs mais le goto est déréglé. C'est pour cela que je m'en sers rarement,
seulement pour un objet difficile à trouver et toujours en début de soirée. Alimentation 20V
3A avec une alimentation à découpage, mais elle fonctionne dès 12V 2A, sans atteindre toutefois
sa vitesse maximum. Evidemment les roues dentées de plus de 250mm de diamètre n'ont aucun
rapport avec nos petites roues de 45mm... Même sans PEC, les poses de 4mn sans autoguidage
sont bonnes.
Le tube en tissu de carbone est sujet aux rayures
causées par les colliers lors de la translation pour l'équilibrage. Par contre
le carbone ne se déforme pas et est insensible aux variations de température. A part sa
fragilité de surface, c'est un matériau idéal. Je conseille
vivement l'installation d'un contrepoids longitudinal pour l'équilibrage.
Le porte-oculaire est un Feather Touch (Starlight instruments, inc), rotatif, serrage
annulaire, mise au point démultipliée et à crémaillère. Sauf que je n'avais
jamais utilisé une crémaillère de cette qualité, douce et précise...
Le pare-buée coulissant a du mal à tenir en place, ici il est verrouillé avec de l'adhésif.
De même, le cache de l'objectif est à fixation magnétique peu fiable, il est ici remplacé par
un cache en médium. Ces petits défauts sont sans importance en poste fixe.
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La charge utile atteint 50kg: monture + optiques + accessoires + contrepoids.
Le pied colonne étant le plus pratique avec le public, il a été construit sur mesure (par
un ingénieur également astronome amateur). Il pèse 80kg, je l'ai fixé par des tiges filetées
de 12mm noyées dans des plots de béton universel coulé dans du PVC sur 40cm de
profondeur. C'est peu profond, mais en cas de chute, les trois jambes du pied sont retenues par
le plancher. L'ensemble pèse 130kg.
Il faut être deux pour assembler l'engin, le tube seul pèse largement 20kg, son
centre de gravité est à 2m de haut. |
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Cette lunette est dédiée au visuel, où elle écrabouille de loin
tous les instruments jusqu'à 400mm que j'ai essayés (sauf un Mak 200 LOMO sur mesure
pour un observatoire professionnel, très sensible à la mise en température). Mais j'ai pris
une photo au Canon EOS 350D au foyer f/8, pose de 4mn,
avec dark, sans flat, sans guidage, ciel bien noir. La photo est convertie en N&B (photo originale
T-Lyrae dans etoiles).
Le champ est un peu de travers, mais il s'agit peut-être d'un problème MECANIQUE, je n'avais
pas vérifié l'axe de l'appareil photo. Le contraste
est poussé à l'extrême. Le champ est un peu courbe (sans correcteur)
en APS-C dans un seul angle, mystère. On ne constate aucun vignettage en APS-C (15x22m).
Cette lunette est évidemment compatible 24x36 et annoncée (aucun doute) compatible 6x6.
Echelle 100%, le pire, sans correcteur: en bas à gauche. Un peu de distorsion,
a priori possible à f/8 en APS-C. Mais le centre et l'autre côté du champ sont PARFAITS. |
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Echelle 100%, centre du champ. Attention: la finesse de l'EOS est inférieure
à celle d'une caméra CCD monochrome. Il s'agit ici d'une pose de 4mn sans guidage.
L'échantillonnage est de 1,1", la résolution théorique de 0,9" (à 530nm). On constate que
les paires serrées d'étoiles sont parfaitement distinctes, très loin des patatoïdes de nos
télescopes ordinaires d'amateurs fauchés. C'est aussi le résultat d'une excellente monture,
et d'une mise en station avec la méthode de Bigourdan en 4h30 sur 3 nuits. |
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Echelle 100%, en haut à droite. Aucune différence avec le centre du champ,
ce qui montre bien les possibilités de l'optique, et prouve que l'asymétrie constatée
en bas à gauche doit pouvoir être corrigée mécaniquement. |
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